Paysage urbain, point de vue rural.

Ce premier jour de mai 2016 le bourg de Vailly-sur-Aisne anesthésié par la froideur de l’aube resplendit soudain dans la lumière d’un matin clair de vrai printemps. La turgescence dernière des bourgeons empourprés explose dans les tendres verts qui nimbent maintenant les toitures rougies des faubourgs et celles ardoisées du centre historique. Sans doute et à mon point de vue, l’un des plus agréables coups d’oeil sur Vailly en 2016, l’une des plus signifiantes vues sur l’église Notre-Dame. Les marcheurs du jour s’arrêteront, surpris lors de sa découverte.

Vailly depuis le pied de la Marjolaine

Eglise Notre-Dame de Vailly

Une lecture historique de ce paysage urbain renseigne sur l’évolution de la ville. Au centre de l’ellipse des remparts arrasés et des fossés comblés bat encore le coeur de l’ancienne ville médiévale prise par « eschellement » en 1358 ou par assaut en octobre 1914, parmi tant d’autres attaques inutiles et destructrices. Ville elle fut nommée au IXe siècle, ville elle demeure au XXIe siècle selon les critères de l’administration.

Dernier vestige quasiment neuf de la ville, l’église rajeunie, qui n’a guère qu’un siècle depuis son relooking des années Vingt trône en majesté et semble encore gouverner et orienter au sens propre ce paysage urbain photographié ce jour en contrebas de ‘La Marjolaine‘, lieudit célèbre de nos courses enfantines et dangereuses qu’a retenu le poète vaillysien Raymond Genty dans son recueil « Les chansons de la Marjolaine » publié en 1932 et réédité par notre association et Philippe Battefort en 2003.

Chansons de la Marjolaine

Ce ‘point de vue’ laisse entendre que d’autres ont des raisons d’être ou de ne plus être. Au sens figuré un Vaillysien pourra toujours préféré une autre vue. Au sens propre, derrière les rideaux végétaux que les ans tirent devant nos fenêtres d’observation, un paysage, un point de vue signalé, peut fort bien être anéanti. Ainsi en est-il par exemple du paysage rural que constituait la vue d’ensemble sur le bourg depuis la colline de « l’Abondin » aujourd’hui masqué par de grands pins. Cet autre lieudit mythique, qui du moins le fut dans l’Entre-deux-guerres et jusqu’aux années Soixante-dix environ, recevait alors la visite régulière des Vaillysiens de tous âges qui venaient là chercher leur maison, contempler ce que l’attrait du pays natal rendait ici (com)préhensible. Une vue qui touche, un ‘mons mirabilis’ mont d’où l’on voit et qui est perçu de loin., soit encore Montmirel ou Mirabeau, c’est tout comme. Depuis le « Jeu de Paume », les mains sur le guidon du vélo, j’attendais dans mes jeunes années le moment d’atteindre ce que depuis le bas je distinguai pleinement et que dès lors je me languissai de visualiser autrement le monde, depuis les rochers du haut qui éventuellement formaient aussi un terrain interdit de motocross improvisé.  Souvenirs, souvenirs, la preuve :

une des familles vaillysiennes sur les rochers de l'Abondin en 1944.

une des familles vaillysiennes sur les rochers de l’Abondin en 1944. Mon père est alors retenu malgré lui en Poméranie et moi je ne suis nulle part. Présence des familles Boureux, Vernet, Bonhomme, Régnard et ??

Vailly depuis l'Abondin en 1964

Vailly depuis l’Abondin en 1964

L’endroit lui-même, attrayant en soi, était de plus agrémenté par une « cabane du général » que le général Paul Vignier, très connu à Vailly, avait fait construire pour les jeux de ses enfants. Elle fut utilisée jusque vers 1975 par des Vaillysiens en promenade, puis saccagée et conséquemment démantelée. Sic transit gloria mundi, c’est bien dommage pour l’Abondin que nous avons connue, arpentée en tous sens et aimée. La Peugeot 404 donne partiellement l’échelle du temps et des lieux.

"cabane" du général Vignier à l'Abondin, photographie JP Boureux, 1964.

« cabane » du général Vignier à l’Abondin, photographie JP Boureux, 1964.

Histoire de Vailly

portrait du général Paul Vignier

Portrait du Général Paul Vignier dans son ouvrage ci-dessus publié en 1927 par la Société Historique de Soissons ou en tirage spécial limité.

 


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