du nouveau sur deux sculptures de l’église N.-Dame de Vailly

Jean-Pierre Boureux, président de notre association a mis en ligne sur son blog perso « Voirdit » une étude sur deux animaux représentés en haut des contreforts de la façade :

ours et cerf sur la façade

cerf et ours sur la façade

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c’est ici : http://voirdit.blog.lemonde.fr/2015/11/26/ours-et-cerf-affrontes-sur-la-facade-de-notre-dame-de-vailly-sur-aisne/

Elle complète l’article publié dans le Bulletin paroissial « Sources Vives » de novembre 2015.

Journées européennes du Patrimoine 2015

Le thème général de ces journées est le patrimoine du XXIe siècle. Nous avons retenu celui de l’eau qui va devenir une préoccupation majeure sur la planète dans les décennies à venir. Pour l’illustrer simplement nous avons sélectionné une quarantaine de photographies qui ont été présentées dans la chapelle Saint-Vincent de l’église Notre-Dame.

Affiche Patrimoine 2015

Deux photographes de l’Association Patrimoine et Environnement Vaillysiens, Jean-Pierre Boureux et Alain Lecler, vous proposent de visualiser leurs clichés sur le thème des eaux dans le secteur géographique de la vallée de l’Aisne. Quarante photographies ont été sélectionnées en raison de leur intérêt documentaire, elles illustrent l’étendue de ces eaux : Aisne, canal et ballastières ou encore étangs consécutifs à leur réaménagement obligatoire après exploitation. Elles présentent également certains de leurs habitants en fonction des découvertes des auteurs dans le milieu naturel.

Notre sélection a suivi une part de subjectivité, elle présente d’abord ce qui nous a semblé agréable à voir, ou curieux à observer, au sol ou depuis le ciel. Vous risquez bien de tomber dans un émerveillement trompeur. Nos eaux sont en effet menacées par nos activités humaines, hélas polluantes et destructrices du milieu. La disparition de certaines espèces n’est plus à démontrer et ne relève pas de la pression d’une écologie qui serait partisane, elle est bien réelle et mesurable, notamment chez les batraciens et les insectes. Où sont par exemple les jolies et potelées rainettes d’antan (Hyla arborea), à la poche gonflable sous la gorge ? Je ne les ai pas retrouvées pour les photographier alors qu’elles abon-daient dans les soirs d’été de mon adolescence vaillysienne au tournant des années Soixante.

Alors dans cette église que vous pourrez visiter en même temps que notre exposition et dans laquelle, comme dans tout édifice religieux au travers du monde, l’eau signifie purification, ayez une pensée forte à l’égard de la protection de la vie. Cette vie, en toutes ses manifestations, est menacée, car tout est lié en ce monde et la disparition des espèces signifierait à terme celle de l’Homme. Une encyclique du Pape François vient à point nommé nous le rappeler, sous la protection de saint François d’Assise, l’ami des créatures. Elle a pour titre « Laudato si » et nos photographies à leur manière sont suspendues sur la même longueur d’onde.

« Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe. » François d’Assise, Cantique des créatures.

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AerienAlainGPWVailly dans l’espace de ses anciens remparts et au-dessus l’Aisne et le canal. Ci-dessous paysages des milieux humides et leurs plantes ou animaux familiers de ces zones baignées par l’eau.

le "cimetière des bâteaux" près du Grand Large à Vailly

le « cimetière des bâteaux » près du Grand Large à Vailly

l'écluse, étape obligée sur un canal, est souvent automatisée aujourd'hui.

l’écluse, étape obligée sur un canal, est souvent automatisée aujourd’hui.

 

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Une oie et des colverts, des pêcheurs, ceci constitue le spectacle de l’eau, sa tranquillité, ses paysages en miroirs superposés, là où le rêve devient réalité, à moins que ce ne soit l’inverse

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la Grande aeschne s’applique à pondre dans la mousse humide de la rive et nous montre ses gros yeux, ses couleurs comme celles d’un émail cloisonné

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naissance de deux jeunes couleuvres à collier. Les oeufs, une soixantaine, sont restés au chaud dans un tas d’herbes pourrissantes depuis quelques mois, le museau des jeunes vient d’en briser la membrane élastique. Les petites couleuvres mesurent déjà une dizaine de centimètres mais vont sortir très lentement, souvent plusieurs dizaines de minutes sont nécessaires lors de cette éclosion.

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Depuis une vingtaine d’années ce splendide oiseau migrateur qui nichait naguère exclusivement en bordure provençale des rives du Rhône, a entamé un ample mouvement de colonisation estivale de la France, jusqu’à nos latitudes. Craintif il lui faut des falaises de sable pour construire son nid au fond d’un terrier qu’il creuse en profondes galeries. Sa nourriture est constituée d’insectes variés dont de nombreux hyménoptères et des libellules ou papillons. D’où son nom commun de guêpier d’Europe. Il gagne fin août l’Afrique où il passe l’hiver. Cette année quelques couples patrouillaient encore le long des rives de l’Aisne jusque la mi-septembre.

L’escargot, d’ordinaire peu pressé, se réjouit de l’averse et s’impatiente : ses ‘cornes’ me font savoir qu’à 2 h 20 il est temps de clore ce message.

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Merci à toutes et tous, ceux qui nous aident à leur manière, soutiennent notre association selon leurs possibilités, et à nos nombreux visiteurs

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Clé de l’énigme

La réponse au concours était à trouver dans les parages des clés du Saint-Pierre du chevet de l’église. Si vous êtes plusieurs à avoir trouvé où observer, et un à avoir donné la réponse la plus proche sans parvenir à donner le justificatif, vous n’avez pas découvert ce qui va vous paraître à présent évident.

Nicolas Baudet a été sonneur de cloches, il l’est en 1714 comme il l’a gravé lui-même dans la pierre. Il faut chercher ici entre les deux statues :

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vous remarquez bientôt plusieurs graffiti dont celui qui nous intéresse. J’ai colorisé l’inscription :

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NicolasBaudetColorTxtGP  NicolasBaudetSonneur1714W

Il apparaît alors que notre Nicolas, ainsi que les autres taggeurs, avaient nécessairement accès à ces pierres de manière à graver facilement. Cela laisse entendre que la fenêtre ne devait pas avoir de verrière à l’époque, et qu’un escalier extérieur devait conduire au clocher en passant par cet endroit. L’hypothèse vient du fait que des marches aujourd’hui sans raison d’être sont visibles en dessous à droite. Elles ont servi un jour ou l’autre à accéder au clocher, pour sonner et surtout guetter et donner l’alerte. Elles sont sans doute les témoins des dangers de la guerre de Cent Ans lorsque Vailly était protégé par un rempart dont nos ‘Promenades’ sont la trace. Des guetteurs nommés par la milice formaient une garde permanente et se tenaient sur la dernière terrasse du clocher probablement pourvu d’un entourage avec créneaux et archères ou meurtrières. On voit un cas similaire à l’église de Vorges aujourd’hui, Bruyères devait être équipé semblablement.

Quant à Nicolas Baudet je n’ai rien trouvé d’autre à son sujet ! Pourtant il est lui aussi observateur et curieux des choses de la nature comme en témoigne le dessin qui complète sa gravure. On y voit une plante fleurie dont la fleur semble être une …. campanule, c’est-à-dire une fleur en forme de cloche. Ce n’est sans doute pas un hasard. Il connaissait peut être le latin, campana = cloche et son dérivé français « campanaire » désigne ce qui se rapporte aux cloches.

Observez et observez toujours, vous ne serez pas déçus, même si aujourd’hui vous n’avez pas gagné.

Nous récidiverons en 2016.

Jeu concours, dernier indice

indice du 16 septembre 2015 :

Si près du but pour certains ! Cette dernière fois je vous révèle l’endroit, à vous de lire l’inscription :

Nicolas, en 1714, avait accès sinon au ciel et au paradis, du moins à ses saints parmi les plus célèbres. Les clés de l’un vous orientent vers la clé de l’énigme. De sacrées marches, depuis le temps !

votre réponse ici : jpbrx(arobase)club-internet.fr

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A une semaine de la date fatidique vos réponses manquentencore ! Quand j’ai écrit « amplificateur » vous avez pu être guidés vers l’appareil destiné à augmenter le son. Ce n’est pas une mauvaise piste, mais elle ne vous permettra pas de lire ce qui est écrit. Songez plutôt alors à amplifier un autre sens. Et évidemment regardez avec lui dans la bonne direction mais cela plusieurs d’entre vous l’ont déjà fait.

Il semble qu’il vous manque un appareil d’amplification pour trouver la réponse : observez bien et lisez !

On emploie un adjectif pour qualifier certaines fêtes, celle du 15 août qui est aussi notre fête patronale vaillysienne en fait partie. Cette fois vous allez trouver, mais n’oubliez pas de justifier votre réponse car ‘tout est écrit, il suffit de lire’.

Nous rappelons que les quatre premières bonnes réponses * se verront attribuer l’ouvrage « Dix villages du Val de l’Aisne dans la tourmente ». Envoyer votre réponse à : jpbrx (arobase) club-internet.fr                                                                                                                                            * ou à défaut les plus proches de la réponse attendue

Être dans la lune ne vous servirait à rien dans le but de trouver la réponse, mais être orienté vers ce qu’éclaire le soleil levant du 15 août pourrait avoir un certain intérêt !

Bonnes recherches ! Pas trop cependant car tout est écrit, il suffit de lire.

Jeu-Concours

QUESTION : quelle était la profession de Nicolas Baudet en 1714 ?

Dans la mesure où la réponse est difficile à trouver, nous vous donnons un nouvel indice :

1- ah, si les pierres pouvaient parler !

2- Nicolas Baudet a voulu faire connaître lui-même sa fonction aux Vaillysiens du futur.

CONCOURS proposé par l’APEV en 2015, participez !

Concours organisé par l’APEV à l’intention de ses membres.

Nous organisons ce concours : répondre à une question relative à l’histoire de Vailly-sur-Aisne.

La date limite de réponse est fixée au samedi 12 septembre 2015 et le prix sera remis la semaine suivante dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine. Vous pouvez répondre par courrier : APEV, BP 9, 02370 Vailly-sur-Aisne ou par mail à cette adresse : jpbrx@club-internet.fr.

Les quatre premières réponses exactes et justifiées vous permettront de recevoir en prix l’ouvrage édité par la CCVA à l’automne 2014 :  » Dix villages du Val de l’Aisne dans la tourmente « .

QUESTION : quelle était la profession de Nicolas Baudet en 1714 ?

Dans la mesure où la réponse est difficile à trouver, nous vous donnons un premier indice :

ah, si les pierres pouvaient parler !

D’autres indices seront donnés courant 2015 sur le site de notre association :

http://apev-vailly.info/WordPress3/

Si vous n’avez pas internet des membres vous donneront ces indices avec plaisir.

logo

1914 et 2014, notre exposition

Il y eut un avant, celui jusque 1914. Puis quatre années terribles qui virent la lente destruction de Vailly. Arrêtons-nous cette fois sur 1914 et sur les photographies d’aujourd’hui, prises pour la plupart d’entre elles par Alain Lecler, l’un de nos membres, photographe de son métier. Les documents anciens, dont les cartes postales proviennent de différents prêteurs qui ont tenu à garder l’anonymat, dans l’esprit d’une réalisation collective et nous les en remercions chaleureusement, ainsi que les bénévoles qui ont participé à l’installation et au gardiennage de l’exposition durant quatre jours. FontainePbW

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Nous donnons une idée de la tonalité de l’époque, entre autres documents, par cette correspondance de carte postale fort bien tournée, dont nous apportons la transcription en dessous :

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Nice girl,

Vous devez m’en vouloir de ne pas vous avoir écrit plus tôt et de ne pas vous avoir envoyé mes meilleurs souhaits pour votre jour de fête, mieux vaut tard que jamais, ma seule excuse est d’être débordé de travail et d’avoir eu flemme d’écrire : si vous la trouvez bonne soyez indulgente et absolvez moi. Veuillez présenter mes respects à Mme votre mère. D’ailleurs vous êtes une petite paresseuse vous aussi car tous les matins Mlle Suzanne me demande si il n’y a pas de lettre pour elle et sur ma réponse négative je la soupçonne d’être triste que sa petite sœur paraisse l’oublier. Merci de votre gentille carte que j’ai comprise et bien que pas signée j’ai pensé que vous en êtes pourvoyeuse, merci.  Maurice X

Carte postée le 4 …1905.

Correspondance sur carte postale figurant l’église de Vailly et la place de l’Hôtel de Ville avec sa fontaine. Expéditeur et destinatrice inconnus. Style d’écriture plutôt rare, surtout sur carte postale.

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Nous présentons également quelques documents allemands, dont un récit de la bataille de Vailly, victoire allemande, illustrée d’abord par cette superbe carte.

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Cette revue comprend la description de la bataille. Nous sommes redevables de la traduction du document à Mme Christine Cureau, que l’Apev remercie pour son travail bénévole :

La journée de Vailly. Récit d’un combattant, publié dans l’hebdomadaire allemand « Histoire illustrée de la Guerre », octobre 1915.

L’assaut de Vailly  eut lieu il y a quelques semaines déjà. Les nombreux évènements intervenus depuis, et les nombreuses batailles menées entre temps ont fait qu’on s’en souvient à peine… bien qu’il figure parmi les actions les plus courageuses dans l’histoire de notre Régiment. À ce titre, il restera inoubliable.

Pendant des semaines, notre Régiment avait pris position face à l’ennemi retranché de ce côté de l’Aisne. Notre seul objectif était de le bloquer et d’empêcher à tout prix toute percée. Néanmoins, les journées dans les tranchées n’étaient pas du repos : les sapeurs affectés à notre Régiment ainsi que nos propres compagnies chargées de certains travaux s’attelèrent à consolider sans cesse nos positions. Malgré notre tâche qui était seulement celle de résister, nous préparions dès le début et de façon structurée un éventuel assaut. Lentement, mais inexorablement, nous poussions nos tranchées vers l’avant. À la fin, certaines de nos compagnies se trouvèrent à seulement 80 – 100 mètres de l’ennemi. Voilà la différence fondamentale entre notre façon de mener la guerre et celle des Français : tandis que nous poussons en permanence vers l’avant, les Français, une fois retranchés, consolident leurs tranchées vers l’arrière.

Fin octobre, la vie quelque peu monotone dans nos tranchées fut perturbée par des bruits concernant une éventuelle offensive de nos divisions dans les prochains jours. L’artillerie positionnée dans notre dos fut renforcée, surtout l’artillerie lourde. De nouvelles divisions de sapeurs nous joignirent. Tous, nous flairâmes quelque chose d’inhabituel. Finalement, les bruits se confirmèrent : l’assaut fut fixé au 30 octobre. Nous ne fûmes pas angoissés, mais une certaine inquiétude et précipitation s’empara de nous. La veille de l’assaut, nos artilleries lourde et légère procédèrent à quelques réglages en tirant sur les tranchées ennemies. Qu’il est bizarre d’entendre bourdonner sur sa tête des projectiles lourds de calibre 21 cm ! Attentivement, nous les écoutâmes exploser. Il n’y avait presque pas de ratés. En vain l’artillerie française chercha à identifier les positions de nos batteries. On put observer aisément comment elle scruta le terrain sans pour autant causer beaucoup de dégâts, d’autant plus qu’un obus sur cinq n’explosa pas. Le 29 au soir, une surprise nous attendit. Nous entendîmes des explosions d’une telle force et violence que nous sortîmes de nos trous, le regard interrogatif. Ce furent nos sapeurs qui réglèrent leurs tirs avec des obusiers. Attentivement, nous suivîmes chaque tir en nous baissant dans les tranchées lors de chaque explosion, car à plusieurs reprises, pierres et mottes de terre furent projetées jusqu’à nous. « Pour ce genre de saucisses, les Français vont nous remercier très bientôt », murmura un camarade à côté de moi qui, la bouche ouverte, observa le spectacle. À la tombée de la nuit, le feu se tut. Rassemblés autour d’un petit feu de camp bien camouflé, nous passâmes en revue les évènements de la journée et parlâmes de l’assaut à venir. Nous préparâmes nos paquetages pour le lendemain et y apposâmes des étiquettes avec nos noms. Presque chacun de nous écrivit encore une carte postale ou une lettre à sa famille ; notre village fut plus silencieux que les autres soirs. Pendant la nuit, les lignes ennemies furent de nouveau arrosées de tirs violents. Nous dormîmes peu. Aux premières heures du 30, nos compagnies furent alignées dans les tranchées, manteaux enroulés et baïonnettes au canon – prêtes à l’assaut. Le feu de notre artillerie devint de plus en plus intense. À huit heures précises, il se tut et les divisions de fantassins – sapeurs en tête – montèrent des tranchées et coururent vers les lignes ennemies. Sous le feu violent des Français, nos sapeurs courageux et prêts à tout abattirent les barbelés. Par vague et, à certains endroits, de manière continue, nous nous dirigeâmes sous un feu nourri vers les positions ennemies. À peine dix minutes plus tard, la compagnie la plus proche de l’ennemi arriva dans les tranchées françaises. Les canons dépassant les barbacanes furent enfoncés dans le sable. Tous ceux qui ne sortirent pas des abris ennemis levant les mains et sans arme furent assommés ou abattus. Après une petite demi-heure déjà, le premier groupe de prisonniers fut conduit vers nos anciennes positions. Nos autres compagnies parvinrent également très vite aux tranchées françaises après avoir percé dans différents endroits. Tous les abris, caches et trous de terre furent nettoyés, puis nous poursuivirent fougueusement l’ennemi en fuite.

Les Français se replièrent par une vallée boisée. Ici, les mitrailleurs qui nous suivirent sans tarder firent du bon travail. Partout, il y avait des morts et des blessés, des morceaux d’uniforme, des fusils et des paquetages. Les blessés, poussant des plaintes, levèrent leur bras vers nous, mais nous n’eûmes pas le temps de nous attarder. Les troupes en fuite essayèrent de s’arrêter à Vailly ; grâce à notre artillerie lourde, ces plans furent déjoués. Le village fut bombardé et les Français durent l’évacuer. Ils prirent la fuite en traversant le pont sur l’Aisne et à la tombée de la nuit, nous occupâmes Vailly. Nous poursuivîmes les Français jusqu’à la rivière et la nuit même, nous creusâmes des tranchées directement au bord de l’Aisne. Les soldats exténués passèrent la nuit dans les tranchées, couverts de leur seul manteau, le fusil dans les bras. Le lendemain déjà, les premières patrouilles fouillèrent les bois au-delà de l’Aisne. Intimidés, les habitants de Vailly montèrent de leurs caves. Ils ne furent pas au bout de leur peine, car maintenant, ce furent les Français qui tirèrent sur le village, sans pour autant causer beaucoup de dégâts à nos troupes.

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Etat de Vailly en novembre 1914

Il n’est pas facile d’être objectif, faute de documents assez nombreux, sur la description de Vailly après la bataille d’octobre. On sait que dès septembre l’incendie ravage une partie du centre ville. Les bombardements de la bataille anéantissent ensuite de nombreuses maisons partout dans la ville. Enfant j’entendais dire que seules deux maisons étaient en état à la fin du conflit, mais ce n’étaient pas toujours les mêmes qui étaient citées ! Par expérience j’ai pu constater que les murs extérieurs de ce qui fut la droguerie Boureux 15 rue Alexandre Legry et une grande partie des planchers et de la couverture n’avaient pas été détruits. Il en est de même évidemment de la cave. Mon grand-père était incorporé et ma grand-mère avait regagné le domicile de ses parents ou bien séjournait à Paris ou Pierrefonds chez des relations familiales. Il se disait que seul un obus avait traversé la maison du grenier à la cave. C’est dire s’il est difficile d’avoir une vue exacte de la situation. Cependant l’aspect extérieur de l’immeuble tel qu’on peut le voir sur des photos de 1919 et ultérieurement apparaît comme une ruine. Ce point est important et nous aurons l’occasion d’y revenir quand viendra l’évocation des destructions et de la reconstruction. Les documents relatifs aux ‘dommages de guerre’, qui étaient les plus importants en nombre conservés par le service départemental des Archives de l’Aisne, ont hélas été l’objet d’une sélection sévère qui a conservé un échantillonnage et non l’ensemble des versements propres à ce thème, ce qui est bien regrettable.

Le texte du verso de la carte postale de l’intérieur de l’église présentée plus haut est très révélateur de l’état de la ville. Elle est écrite le 24 octobre alors que Vailly se trouve être sous les bombardements allemands. Le texte du recto est lisible sur la carte présentée plus haut et figure à la fin de la transcription ci-dessous. Le nom de l’auteur n’est pas connu et évidemment je n’ai pas la carte suivante qu’il annonce à la fin de sa correspondance :

Vailly le 24 octobre 1914, Cousin et Cousine,

« … …Vous êtes donc favorisés en regard des villages voisins car dans la guerre c’est l’incendie qui cause la plus grande ruine des pays de culture, la partie mobilière n’étant qu’accessoire et pouvant à la longue se remplacer. C’était dans cette église que je transportais le soir les blessés de la journéesous les rafales d’obus mais il est maintenant impossible, celle-ci se trouvant (verso =) bombardée, les vitraux en éclats et les murs en piteux état. L’horloge marche cependant encore et tinte lugubrement de ses coups dans la nuit, car je ne suis guère qu’à 600 m. sur la colline que vous allez voir dans la carte suivante. »

 

Le texte de la carte postale ci-dessous invite de même l’historien à la critique. Elle est en effet expédiée depuis Clichy en juin 1915, soit huit mois après les faits. L’expéditeur écrit : « L’aspect de Vailly lors de notre départ au 31 octobre 1914 ! »

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La critique porte donc sur la date de rédaction qui évoque un souvenir. Il est fort probable que la situation n’a guère évoluée depuis octobre et que les ruines présentes sont celles des combats de 1914. La carte est allemande comme on le constate par la présence des soldats allemands près de la fontaine. On devine que certaines parties de maisons ou bien des bâtiments entiers paraissent peu touchés.

Il s’agit donc d’une destruction massive de la ville mais non d’une destruction totale. Ceci n’enlève rien aux souffrances de nos ancêtres mais montre que la nuance est de mise dès lors qu’on souhaite approcher au plus près, donc au plus vrai, d’une réalité qui est autant celle du souvenir que celle de la description contemporaine. Le témoignage n’atteint presque jamais la vérité, il peut s’en approcher.

Deux vues d’ensemble de notre exposition dans l’église Notre-Dame de Vailly-sur-Aisne :

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30 et 31 octobre 2014, en mémoire de la bataille de Vailly en 1914, mais surtout en hommage aux héros vaillysiens

Notre association APEV a souhaité présenter à nouveau l’exposition mise en place lors des journées européennes du patrimoine, même thème, même lieu. Elle s’est de même associée à l’association des Anciens combattants de Vailly en particulier dans le cadre de la publication d’un ouvrage collectif relatant l’année 1914 et ses combats à Vailly et dans une petite dizaine de communes autour de ce bourg. Ce document sera disponible dans quelques jours, édité par la Communauté de Communes du Val de l’Aisne et soutenu entre autres par le Comité national du centenaire.

Notre volonté : évoquer ce passé alors douloureux et dramatique, renvoyer cependant vers Vailly aujourd’hui, par comparaison et non par regrets. Mettre en avant également des Vaillysiens de 1914 qui par leur action exemplaire se sont distingués par leur disponibilité à l’égard de leurs compatriotes. Ainsi par exemple le commandant Michel, fondateur de ce qui allait devenir sous son impulsion la « Fédération des Sapeurs-Pompiers de France« , et les infirmières blessées lors de leurs interventions pendant les premières semaines de la guerre. Souvenons-nous en effet de ces personnes dévouées qui n’ont pas pris la fuite devant le danger et qui n’ont pas éprouvé le besoin d’agir pour se mettre en valeur, mais pour se rendre utiles aux autres.

commandant Charles Michel

Auguste et Charles Michel, deux vaillants Vaillysiens soldats du feu.

Auguste Michel est né à Vailly le 12 février 1817, fils de Chrysostome Michel et d’Anne Lebeau. Une plaque de plomb trouvée dans une pile de l’Hôtel de Ville en 1920 et posée en mars 1840 le mentionne en tant qu’entrepreneur. Conseiller municipal et commandant du corps des sapeurs-pompiers de Vailly. Il offre en 1857 la statue de saint Sébastien qui ornait autrefois le jardin d’Arc. Le 28 novembre 1865, un incendie éclate à la sucrerie de Vauxrains. De retour de la lutte contre l’incendie le chariot hippomobile verse dans la pente, les pompiers sautent, mais Auguste se casse la colonne vertébrale et décède, victime de cet accident. Une stèle a été érigée, puis en partie détruite au cours de la Première Guerre mondiale. Retrouvée récemment par MM. Migrenne et Siret elle devrait être restaurée par la commune d’Aizy-Jouy.

Charles Michel, fils d’Auguste et d’Alexandrine Cailleux est né à Vailly le 9 mai 1843. Études à Soissons, sous-lieutenant de la Cie de sapeurs-pompiers de Vailly, service militaire au 12e bataillon de chasseurs à pied, sous-lieutenant durant la guerre de 1870.

À la tête de la 2e Cie de Vailly, il organise dans les communes voisines des compagnies analogues ainsi que des concours de pompes remarqués tel celui de Vailly en 1877. Auparavant en juillet 1870 la Cie de Vailly avait été mise à l’honneur et fort acclamée lors d’un concours de pompiers à Neuilly-sur-Seine. On lit dans le magazine « Le Petit Journal » en date du 12 juillet 1870 le récit de cette manifestation où : « … l’exemple de la commune de Vailly devrait être suivi par toutes les communes de France. » Les 18 et 19 septembre 1881, il met en place à Soissons ce qui va devenir la Fédération Nationale des Officiers de Sapeurs-pompiers de France, et en 1882 lors du Congrès de Reims cette Fédération est effectivement créée sous son impulsion. Grâce à ses initiatives et son courage (sauvetage périlleux à Paris et Reims par exemple) il reçoit de nombreuses distinctions et, à titre posthume, l’ordre de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1922. Participe à Londres en 1907 à une fédération européenne des Compagnies construite sur le modèle qu’il a élaboré en France. Il passe sa dernière revue à Craonne en mars 1914, aux côtés du général Vesse puis est souvent pris en otage par les Allemands lors de leur arrivée en septembre 1914 qui utilisent sa notoriété pour se protéger et le punir de ses actes de résistance. Lors de la violente bataille de Vailly du 30 octobre 1914, il est tué par un obus dans la cave où il avait trouvé un refuge temporaire. On retrouve son corps qui est déposé début 1918 au cimetière militaire provisoire de Vailly, tombe 714. Puis sa famille décide de le transférer dans le tombeau familial le 21 septembre 1924 lors d’une cérémonie officielle.

En 1963 son fils et la famille désirent ériger un monument officiel en l’honneur de leurs deux valeureux ancêtres. Le Conseil de la Fédération Nationale lance alors une souscription nationale pour l’érection d’un monument et la commande est confiée au sculpteur Francis Burette de Champigny-sur-Marne. Une première ébauche est jugée trop abstraite par le comité et une seconde acceptée. Le monument est terminé en 1967. Toutefois après diverses péripéties il ne sera officiellement inauguré qu’en 1982 à l’occasion du Centenaire de la Fédération qui se tient à Reims. Le 19 septembre est organisé une manifestation grandiose à Vailly où neuf détachements d’officiers de Sapeurs-Pompiers de France dynamisés par la musique de la Cie de Belfort animent l’espace autour du monument, en présence des autorités et d’une forte représentation des habitants.

Jean-Pierre Boureux, article rédigé avec l’aide de la revue ‘le sapeur pompier’ n°736, octobre 1982, p. 374-380 (article très complet) et des documents aimablement mis à notre disposition par Madame Burette, que nous remercions chaleureusement, à l’intention de notre association.

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le « Monument Charles Michel » à Vailly, érigé par la Fédération des Sapeurs-Pompiers de France, sculpteur Francis Burette. Photographies J.P. Boureux, avril 2013.

On notera que la municipalité de Vailly aidée par les institutions en rapport direct avec l’évènement ont commémoré la « bataille de Vailly » et l’oeuvre du commandant Michel le 30 octobre 2014 en soirée et le 31 octobre en journée, dont les deux photographies qui suivent sont un clin d’oeil, sorte de post-it.

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Hommage à Geneviève Crochard et Anna Heinrich

VAILLY-SUR-AISNE

« Deux vaillantes infirmières »

Récit du Lieutenant-colonel LUTHARD

(Document aimablement remis par Mme Claude PARMENTIER, que nous remercions)

Dans les premiers jours du mois d’août 1914, une ambulance auxiliaire de l’A.D.F. était créée à Vailly-sur-Aisne, dépendant du Comité de Soissons. Mlles Geneviève Crochard  et Anna Heinrich, institutrices d’école privée, y étaient attachées comme infirmières et bénévoles. L’installation n’était pas achevée qu’elles recevaient de nombreux blessés et éclopés laissés derrière elle par l’armée en retraite sur Paris ou bien par les habitants du pays envahi par l’ennemi.

Le 28 août, on annonça que les ponts sur le canal et sur l’Aisne allaient être détruits, la panique s’emparait de tous. On évacuait à grand-peine les blessés ; le médecin-chef et l’infirmière-major quittaient l’ambulance et les deux infirmières auxiliaires ne se sentant plus utiles allaient partir lorsque l’on vint leur dire qu’un blessé, oublié dans une maison demandait du secours… Sans se préoccuper de savoir si elles trouveraient une autre possibilité de transport, Mlles Crochard et Heinrich renoncent à profiter de l’offre pressante d’un fermier de les prendre dans sa voiture. Elles se rendent auprès du blessé qui avait un genou fracassé, le transportent à l’ambulance avec l’aide de deux femmes courageuses. Elles se disposaient à mettre leur malade au lit lorsque l’on entend le bruit de cavaliers traversant le village. Le blessé, prêtant l’oreille comprend que c’est l’ennemi qui arrive, il refuse tous les soins, réclame son fusil pour se défendre, il ne veut pas être fait prisonnier, s’agite, demande un révolver pour se tuer lui-même. La scène devient tragique : deux cavaliers se sont arrêtés et frappent à la porte. Les infirmières sentent le danger qu’elles courent si elles cachent un soldat, mais, émues par le désespoir de ce brave, elles l’enferment dans un grand placard et vont ouvrir la porte. Un officier se présente, il demande s’il n’y a plus de français dans la maison. Mlle Crochard répond résolument non ! Tous les locaux sont visités et l’ambulance est occupée militairement.

Dans la nuit qui suit l’occupation, un habitant vient dire aux infirmières, avec mille précautions, qu’il a encore un blessé chez lui ; il a lu une proclamation allemande menaçant de mort toute personne cachant un soldat français et demande donc l’entrée de son hôte dangereux à l’ambulance. – « Amenez-le, que nous en cachions un ou deux, on ne pourra nous fusiller qu’une fois », dit Mlle Crochard.

Pendant 15 longs jours, les courageuses jeunes filles restent sous la menace de la découverte de leurs deux protégés ; elles les ont installés dans leur chambre et les soignent, sans défaillance, au milieu du va-et-vient des Allemands qui utilisent l’ambulance pour leurs malades.

Le 13 septembre, les effets de la bataille de la Marne se font sentir, Vailly est évacué subitement. Deux jours après, l’armée anglaise arrive, mais les Allemands se sont installés sur les hauteurs du Chemin des Dames et un violent bombardement commence. Les blessés remplissent bientôt l’ambulance, les habitants eux-mêmes viennent demander des soins. A un moment donné, une femme affolée arrive, elle occupait une maison en dehors du village, elle dit qu’un obus a blessé grièvement son mari, elle demande du secours, elle avoue que, dans son trouble, elle a oublié son enfant et ne peut aller le chercher sur le terrain labouré par les obus… Mlle Heinrich ne la laisse pas achever, elle connaît bien la maison, elle y court…

A la sortie du village elle se trouve sur la ligne des tirailleurs anglais, qui échangent des coups de fusil avec l’ennemi, couchés et abrités derrière leurs havresacs. On veut l’arrêter, on lui fait signe de se coucher, elle n’écoute rien, elle continue à courir au milieu du sifflement des balles, arrive à la maison, l’homme était mort. Sans s’attarder auprès de lui, elle va prendre l’enfant dans son berceau et reprend sa course vers la ligne anglaise, poursuivie par les balles qui ricochent sur le chemin. Émerveillés par tant de courage, les soldats se lèvent pour la saluer. Enfin de retour à l’ambulance, elle remet l’enfant à sa mère au milieu des applaudissements de tous ceux qui viennent d’assister à cet acte de dévouement.

Les jours suivants, le bombardement redouble, les infirmières n’ont plus un instant de repos, jour et nuit elles sont auprès des malades et des mourants. Le Général Gough, commandant le secteur, vient lui-même les féliciter. Il les cite à l’ordre de la division le 12 octobre.

Le 14 octobre à 11 heures du matin, deux obus de gros calibre tombent sur l’ambulance, des blessés sont tués dans leur lit. Mlle Heinrich reçoit en plein visage, un éclat d’obus qui lui crève l’œil droit, on l’évacue sur Braine, l’ambulance étant incendiée.

Au moment où, couchée sur un brancard, toute ensanglantée, mais gardant tout son calme, un prêtre s’approche d’elle, lui fait espérer que l’on pourra sauver son œil, elle dit alors sans forfanterie : — « qu’importe cet œil si j’en garde un pour voir la victoire ! » Le soir même elle subissait l’énucléation de l’œil. Braine étant bombardé à son tour, elle était évacuée vers l’arrière.

La récompense à une si belle conduite s’est fait attendre, mais elle est enfin venue :

Le 8 avril 1921, Mlle Heinrich était nommée Chevalier de la Légion d’Honneur au titre militaire avec attribution de la Croix de Guerre, Melle Crochard recevait la Croix de Guerre et la Médaille de la reconnaissance française.

L’Association des Dames françaises, fière de ses infirmières, leur décernait, à l’une, la médaille d’honneur en or et à l’autre, la médaille spéciale du dévouement.

Tous les faits relatés ci-dessus ont été signalés par les témoins, tels que : le Maire, le Curé et deux habitants de Vailly et consignés dans le procès-verbal d’une commission d’enquête composée du Colonel LUTHARD, administrateur d’A.D.F. et de deux officiers désignés par le Général commandant la subdivision de région de Soissons.

L’ordre du jour du Général Gough ayant été brûlé dans l’incendie de l’ambulance, le Général a bien voulu, sur la demande de la commission, en établir une copie de sa main.

Lieutenant-colonel LUTHARD.

N.B. du rédacteur :

La bibliothèque en ligne « Gallica-bnf.fr » conserve l’ouvrage :

Documents relatifs à la guerre 1914-1915 [-1916] Tome I [— V] : Rapports et procès-verbaux d’enquête de la commission instituée en vue de la commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens. 

Au n° 309 on peut lire la déposition suivante qui corrobore les propos du rapporteur ci-dessus :

Déposition de l’Abbé Deharbe (Jules), 54 ans, curé doyen de Vailly-sur-Aisne (Aisne), reçue le 22 octobre 1914, serment prêté.

Le 20 septembre, puis le 22, les Allemands, qui occupaient les hauteurs de Celles et Condé, à l’est de mon église, ont envoyé six obus explosibles sur mon église, qui abritait
deux cents blessés anglais, et cela malgré le drapeau de Genève qui flottait au clocher. Le
drapeau lui-même a été déchiré par les balles, et un blessé anglais, qui se trouvait près de la
chapelle du Sacré-Cœur, a été tué par l’explosion d’un de ces obus.

Vers le 2 octobre, vers onze heures du matin, les Allemands ont de nouveau bombardé
l’ambulance et l’annexe du docteur Lancry. Mme Georges, qui était ambulancière, a été pro —
jetée contre le mur par suite de l’explosion d’un obus : elle a été blessée (contusions), et à
l’annexe, la cuisinière, Mme Tellier, a, eu le pied emporté par un autre obus. Enfin, une
demoiselle Anna X, de Charleville, ambulancière, a eu l’œil crevé. Sur l’ambulance flottaient le drapeau de Genève et le drapeau anglais, qui protégeaient également l’annexe située à un mètre cinquante de là.

Lecture faite, persiste et signe avec nous.

Excepté la date mentionnée par l’abbé il semble bien que le nom de Anna X corresponde à celui de Anna Heinrich, qu’il ne devait pas connaître. Les événements ici relatés se révèlent exacts et véridiques. Nous n’avons hélas pas trouvé d’autres informations sur ces courageuses infirmières.

Par le passé j’ai déjà mis en avant le rôle des infirmières durant la Première Guerre mondiale et la reconnaissance citoyenne qui s’ensuivit, notamment sous la forme de deux monuments. Vous trouverez cela sur le blog que je rédige très librement, à cette adresse :

http://voirdit.blog.lemonde.fr/2011/11/09/hommage-aux-infirmieres-de-la-premiere-guerre-mondiale-reims-pierrefonds-et-dans-les-coeurs/

suggestion : pourquoi pas un nom de rue ou une reconnaissance quelconque à Vailly ? Ediles, songez-y donc !

Journées du Patrimoine 2014

Cette année nous ne suivons pas les thèmes officiellement définis par les Journées européennes du Patrimoine, préférant mettre l’accent sur le Centenaire de 1914, pour lequel l’association des Anciens Combattants de Vailly et la Communauté de Communes du Val d’Aisne ont reçu un label du Comité du Centenaire. Nous nous associons à la programmation de cet événement en présentant une exposition sur Vailly en 1914 et aujourd’hui. Exceptionnellement elle se tiendra dans l’église Notre-Dame du bourg. Nous exposons cartes postales, photographies et documents variés qui ont été sélectionnés le plus près possible chronologiquement de 1914.

Un prochain article reviendra sur les thèmes évoqués. Vous trouverez ci-dessous l’annonce de cette manifestation vaillysienne.

Journées du Patrimoine 2014 Vailly

Programme des Journées du Patrimoine en septembre 2014 à Vailly-sur-Aisne

Monument « Docteur Brocard »

Le samedi 14 septembre 2013 dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, l’APEV a programmé l’action suivante avec la collaboration de la Ville de Vailly :

–          à 10 h 30 rendez-vous devant le monument à la mémoire du Dr Brocard, (angle des rue du Dr Brocard et rue des Jardinets) où une plaque fut posée de manière à informer les passants sur la raison d’être de ce monument :

gravé dans la pierre !

plaque installée

le président de l'Apev, le maire et des représentants du onseil municipal et des membres du bureau de l'Apev dévoilent la plaque

le président de l’Apev, le maire, des représentants du Conseil municipal et des membres du bureau de l’Apev dévoilent la plaque

une assistance qui ne craint pas la pluie

–           « Salle Culturelle », Place Bouvines, exposé de Jean-Pierre Boureux, président de l’Apev et historien, sur le docteur Brocard ainsi que sur un autre médecin de Vailly totalement ignoré de longue date dans notre bourg, le docteur Édouard Ancelet, né à Reims en 1828 et décédé à Vailly en 1891, célèbre en son temps pour ses publications scientifiques médicales.

Causerie de Jean-Pierre Boureux sur les médecins Jean-Joseph Brocard et Edouard Ancelet

Causerie de Jean-Pierre Boureux sur les médecins Jean-Joseph Brocard et Edouard Ancelet

Biographies et commentaires :    

Docteur Brocard :

L’Ancien Régime et l’Église ont institué l’obligation de réserver un endroit dédié à l’ensevelissement des plus démunis, à l’intérieur du cimetière paroissial ou en un autre lieu de la paroisse. Les nouvelles normes d’hygiène apparues dans le même temps et qui vont se développer à mesure que les découvertes scientifiques croissent vont amener le législateur à isoler le cimetière du centre des agglomérations. Il en est ainsi à Vailly en 1829. À cette date les inhumations ne se feront plus que dans le cimetière actuel dans lequel on trouve donc des sépultures datant du second tiers de ce siècle et notamment celle des généraux d’Empire.

Cependant un médecin du bourg philanthrope et soucieux de la dignité des plus pauvres leur avait légué sa fortune, souhaitant être enterré en leur voisinage en un lieu réservé à l’origine pour les défunts dits de « la maison des pauvres vieillards » (cette « Maison des pauvres vieillards » n’est pas documentée par les archives, j’ai seulement trouvé dans l’inventaire de la série B aux AD Aisne qu’elle avait été réparée en 1787, mais ces archives font hélas partie de celles  détruites lors du bombardement de Laon en 1940).

Ainsi, au-delà de la date de désaffection officielle de 1829, le docteur Brocard fut inhumé en 1847 dans ce cimetière de la rue des Jardinets où des Vaillysiens reconnaissants lui élevèrent le monument que l’on voit toujours aujourd’hui et que le Général Vignier décrivait comme « en bien mauvais état » vers 1920, dans ses « documents pour servir à l’histoire de Vailly-sur-Aisne » publiés en 1927. On ne s’étonnera guère outre mesure que 90 ans plus tard il soit toujours dans un état dégradé, mais non périlleux, après une légère consolidation en 2004 lors des travaux d’aménagement de la place.

À l’arrière de ce monument figurait la liste des donateurs et à l’avant une autre plaque portait le texte suivant : « Ci-gît  M. Jean-Joseph Brocard Maître en chirurg(ie) à Vailly décédé le 18 juin 1847, âgé de 68 ans »      

            Le général Vignier  ajoute encore que « son zèle pour la vaccine lui mérita une médaille du gouvernement royal », distinction pour laquelle je n’ai rien trouvé. Soucieux de son prochain ce médecin a rendu service aux plus démunis, nous pouvons lui en être reconnaissants et faire savoir qui il fut et ce qu’il fit. Dans ce but notre association a décidé de replacer une plaque sur le monument qui est dédié à la mémoire de ce médecin. La précédente étant devenue quasiment illisible puis détruite, nous avons opté pour un texte scientifiquement vérifié à partir de ce qui est disponible aux Archives départementales de l’Aisne.

Ainsi seul un Jean-Joseph Brocard né en 1752 et décédé à Vailly le 18 juin 1719 est mentionné. Il a épousé Marie-Claude Gabrielle Vroyet décédée avant lui et il est le fils de Joseph Brocard et de Jeanne Régnier. Ils eurent une fille, Marie-Claude, décédée le 29 novembre 1814 à l’âge de 33 ans.

Aucun Brocard n’apparaît plus après 1819 dans les registres paroissiaux des baptêmes, sépultures et mariages de Vailly. C’est pourquoi la date de 1847 notée par le général Vignier nous a semblé erronée et nous ne l’avons pas retenue. De plus le jour, le mois de décès ainsi que l’âge du défunt, en conformité totale avec l’acte de 1819 nous paraissent peu compatibles avec une autre personne qui présenterait ces caractéristiques. Nous ne pouvons cependant affirmer qu’un autre docteur Brocard, qui n’a pas eu d’existence dans l’état civil vaillysien n’ait jamais existé, encore faudrait-il en retrouver la trace assurée.

            La place où se trouve le monument est aujourd’hui réduite en surface et l’implantation d’un cimetière, même de petite taille apparaît peu. Autrefois cet espace était plus vaste comme a pu le lire le général Vignier avant la disparition de cette liasse d’archives. Ainsi en 1787 le lieu était entouré d’une haie de 21 vieux ormes âgés de plus de 60 ans. Cette place ne figure pas sur le cadastre ancien de 1832 car il n’y a alors aucune construction dans cette zone extérieure aux remparts médiévaux.

Docteur Ancelet :

             Édouard Ancelet, aujourd’hui complètement oublié à Vailly du fait que le général Vignier ne l’a pas mentionné dans notre seul ouvrage historique de référence, est né à Reims en 1828 dans un milieu familial ouvrier, son père étant ouvrier en laine et couvert de dettes ; la famille Ancelet a illustré historiquement la vie rémoise, un ancêtre fut en effet lieutenant général du conseil de Ville au XVIIe siècle.

Il fait ses études à Reims au Collège des Bons Enfants puis en 1849 on le trouve inscrit en première année préparatoire aux études médicales. Il fait ensuite le choix de Paris pour ses études et y soutient en 1856 une thèse sur l’anatomie pathologique du pancréas. En 1857soucieux de soutenir sa mère et de l’aider pécuniairement il choisit de s’installer avec elle dans notre bourg tout en conservant le célibat afin de ne pas apporter en dot à une femme un reliquat de dettes qu’il va du reste rembourser peu à peu. Il entre au conseil municipal en 1865 et rencontre au début de son installation à Vailly quelques déboires dus « à une propension native à la combativité » et à une grande probité intellectuelle orientée vers la promotion d’une République d’union et la recherche du progrès social par la science. Ces idées avancées, mais quelque peu éloignées de la réalité politique du moment lui valent momentanément un séjour à la prison de Soissons (1866).

Très vite il s’intègre au mieux à Vailly et s’affaire sans cesse auprès de ses patients dont il devient l’ami, quels que soient leurs opinions et leur milieu social. Un labeur acharné dans sa vocation et dans la recherche scientifique lui vaut d’être reconnu par des récompenses de l’Académie de médecine et de la société de chirurgie et dix-huit de ses publications paraissent à Paris, Lyon et Reims où la bibliothèque municipale Carnégie les conserve. Il s’intéresse également au sort des plus démunis et, en ce sens, critique, corrige et amende des projets de médecine sociale. Ainsi il présente au Conseil Général un « projet d’organisation de médecine gratuite des indigents » en 1862. Sur ce sujet il n’est pas d’accord avec le préfet et la lecture du texte montre qu’il sait sortir la langue de sa poche et qu’il ne connaît pas la langue de bois.

Sa mère décède en 1884 ce qui déstabilise cet homme sans famille. Lui-même s’éteint à Vailly le 5 janvier 1891 comme l’atteste l’acte de décès enregistré en notre ville ce même jour. L’Argus du Soissonnais n° 5 en date du 11 janvier 1891 relate sur trois colonnes la cérémonie d’obsèques et retranscrit les principaux discours d’hommages qui lui ont été rendus.

Sans aucun doute un nom à retenir parmi nos célébrités locales pour le cas où le Conseil municipal viendrait à réfléchir sur de nouveaux noms de désignation de rues par exemple.

A Vailly le samedi 14 septembre 2013, Jean-Pierre Boureux, président de l’A.p.e.v.

afin que nul n'en ignore !